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« La bataille de Limalonges » dans la guerre de Cent ans
Si les guerres de 100 ans commencées en 1337 se terminèrent en 1453 avec la défaite des troupes anglo-gasconnes à Castillon, « la bataille de Limalonges »,en 1349, ne fut pas à l’avantage des troupes françaises.
Voici, en vieux français, le récit qu’en fit Arnaud Foucaut qui se trouvait au service d’un seigneur de Saintonge, le sire de Pommier (rangé parmi les capitaines d’Angleterre) :
« En l’an 1349 avoit eue une bataille en poitou et avait esté, de la part des anglois le seneschal de bordeau, le castal de Beuf, le sire de l’Espair, le sire de Monferant, le sire de pommier, le sire de Muchedun, et du costé des françois fut chief Jean de Lille, le seneschal de Poitou, Boucicquaut, Savary de Vivonne, le sire de Chauvigny et plusieurs autres, tant qu’ils furent bien autant ou plus que les anglois. Et les anglois descendirent tantost à pié, mais les françois envoierent de leurs gens et y ot grant bataille. Mais les anglois les rebouterent tant qu’ils eut bien des mors…pris troi cent françois Boucicquault et les françois se retrairent la nuit loing des anglois…Et fut celle bataille nommée la bataille de Limalonges.»
Cette violente bataille avec la perte de 300 français se situait tout prés des hameaux de la Roche Bardin et de Périssac : une rue porte le nom "Bataillé", elle relie les deux villages.
Parmi les chefs militaires importants, (tant côté anglais que côté français) se trouvait Boucicaut (Jean le Maingre) qui devint maréchal de France en 1358.
Sur la butte, les fours des tuiliers lâchaient leurs panaches de fumée !
« Presque tout le monde ici était tuilier et les fours fumaient à qui mieux-mieux de la Montée Rouge à la Montée Bleue, en passant par la Montée Blanche».
Un journal des années 1960 témoigne ainsi que le village de Theil et le horst de Montalembert ont connu, sans doute durant plusieurs siècles, une activité importante avec les tuileries. Des écrits font même mention de cette fabrication au 17ème siècle.
Jusque dans les années 1900, l’activité était artisanale : de nombreux tuiliers se partageaient les fours pour la cuisson de leurs tuiles. Après 1945, nombre d’entreprises disparurent et la production prit un caractère plus industriel : il fallait pouvoir répondre à des besoins importants pour la construction ou pour la reconstruction (jusqu’à celle de la Rochelle !).
Vers 1950-1960, il ne restait plus que les entreprises Michelet-Laprade à Theil, Cluzeau-Paingaud à la Montée Blanche et Lissandre à Montalembert.
Les trois couleurs et les carrières d’argile.
Les trois montées de Limalonges, Montée Rouge, Montée Blanche et Montée Bleue, indiquent les 3 couleurs des argiles que nous trouvons sur la butte et qui étaient utilisées par les tuileries. Le rouge correspond à l’argile riche en oxyde de fer, le beige à l’argile contenant de la pyrite blanche et du calcaire, le bleu-gris est l’argile ayant du phosphate pulvérulent. En mélangeant les 3 argiles aux propriétés différentes on obtenait des tuiles homogènes et de qualité.
Si nous prospectons un peu la butte nous pouvons y découvrir des bosses et des cratères, parfois même ça ressemble à un amphithéâtre : ce sont les emplacements d’anciennes carrières d’où on extrayait l’argile. Cette extraction était un travail bien pénible : il était manuel et se faisait pendant les mois les plus froids et les plus humides d’automne et d’hiver. L’argile était alors stockée en tas en attendant d’être transformée : d’abord mélangée dans un concasseur, puis broyée et mélangée à de l’eau, enfin moulée (moule en bois en forme de demi-lune ou, plus tard, «mouleuse» avec filière. Ces tuiles moulées étaient alors disposées sur des étagères, pour un séchage d’une dizaine de jours, avant leur cuisson.
La cuisson des tuiles.
Il en fallait du bois pour la cuisson des tuiles : 1200 fagots pour chaque fournée ! Cela commençait par 2 jours de cuisson au ralenti, puis 3 jours à haute température et enfin on laissait reposer pendant 2 jours. Après avoir longtemps fonctionné avec des fours verticaux, quelques entreprises adoptèrent le four allongé, horizontal, d’accès plus simple que les précédents. Les entreprises faisaient alors de 18 à fournées par an à raison de 11.000 à 13.000 tuiles par fournée avec les fours verticaux et 18.000 à 20.000 avec les fours horizontaux.
Dans ces fours couchés on dressait d’abord, côté foyer un mur de protection avec des pierres calcaires ramassées dans la plaine de Limalonges. Ce mur protégeait les tuiles contre les coups de feu, mais aussi contre un refroidissement trop rapide qui aurait fait éclater les tuiles. Sur ce mur s’appuyaient ensuite les rangées de tuiles (posées verticalement). On allumait le feu dans le foyer situé à l’extrémité du four (partie la plus basse et étroite du four). La cheminée, elle, pour permettre une bonne prise du feu, se situait du côté où l’on chargeait les tuiles. Après la cuisson qui montait jusqu’à 1100°C, on arrosait les tuiles pour pouvoir les sortir. Parfois, on trouvait des tuiles qui avaient fondu et qui étaient collées entre elles : elles formaient alors un bloc appelé « rouillon ».Ce phénomène provenait d’une mauvaise maîtrise du feu et d’une cuisson trop rapide. Les pierres calcaires du mur dressé dans le four s’étant transformées, à la cuisson, en chaux vive, celle-ci pouvait aussi, avec l’humidité du temps, augmenter la température du four (exemple par temps orageux).
La fermeture des tuileries.
L’exploitation des carrières et la fabrication des tuiles ont pris fin entre 1967 et 1974 : les couches d’argile peu épaisses contenaient des bancs de pierre qui empêchaient une extraction mécanique. Il devenait impossible de rester concurrentiel dans la production des tuiles. Par ailleurs, le manque de bois se faisait de plus en plus sentir. Les 3 dernières entreprises ont donc disparu les unes après les autres. Des fours subsistent et sont visibles, celui notamment de M. et Mme Laprade à Theil et celui de la famille Lissandre à Montalembert. Des traces de carrières et de fours existent aussi sur la butte : nous avons là tout un patrimoine qu’il est important de sauvegarder. Cela fait partie de notre histoire locale et témoigne aussi des liens qui ont uni les hommes et les ressources naturelles de leur terre.
Le protestantisme et les « dragonnades » sur Limalonges
Au 16ème siècle, la réflexion religieuse conduisit, dans plusieurs pays d’Europe, nombre de gens à se rebeller contre la religion catholique romaine. Les deux grands promoteurs de la réforme furent Luther et Calvin. Ce dernier vint dans les années 1530 dans la région (Angoulême, Poitiers…).
Aussi la religion réformée s’implanta fortement dans le Poitou.
Sur Limalonges, une partie importante de la population devint protestante avec deux lieux de culte et une école. C’est que nous pouvons découvrir dans le récit qu’en fait vers 1890 le pasteur Picanon de Villefagnan Il mentionne notamment « Theil d’Aubanie » et « les Jarriges », deux hameaux de la commune
« En 1617, le pasteur du Puy d’Anché était chargé de l’église de Theil d’Aubanie…
En 1634,la cour des Grands Jours de Poitiers tenta de s’opposer au développement du protestantisme dans la province du Poitou… Des arrêts furent lancés…pour défendre d’inhumer les morts dans les cimetières paroissiaux. Leurs écoles furent fermées…Sauzé, Aubanie et Limalonges gardèrent cependant leurs pasteurs… »
« En 1681, les dragonnades répandirent partout l’effroi et la ruine. Louis XIV ayant décidé qu’il ne devait plus rester un seul chrétien protestant dans son royaume, son ministre Louvois s’y employa avec zèle. Par son ordre, l’intendant Marillac distribua dans les villes et villages du Poitou un régiment de cavalerie pour y opérer des conversions. On logeait les soldats par bandes chez les protestants, riches et pauvres, qu’ils n’abandonnaient qu’après les avoir forcés à renier leur foi. Ils pillaient les maisons, brisaient les meubles, brutalisaient et torturaient de mille manières ceux qui q’ils ne pouvaient convertir et les enfermaient dans de sombres cachots. Des femmes, des enfants, des familles entières se sauvaient dans les bois sans nourriture, pour échapper à la fureur des soldats, et tâchaient de s’enfuir dans les pays étrangers… »
« Dans le Poitou, plus de trente mille conversions forcées furent ainsi obtenues en quelques mois. Parmi celles inscrites en 1681 : Sauzé 170 abjurations, Limalonges 312 …
Louis XIV signa la révocation de l’Edit de Nantes le 18 octobre 1685. Dés lors, tous les temples durent être démolis, toutes les écoles fermées, le culte protestant absolument interdit… On donna aux pasteurs 15 jours pour se convertir ou sortir de France. Ils passèrent en pays étranger…Des milliers de réfugiés du Poitou se dirigèrent vers la terre de liberté… Parmi ces réfugiés… Joseph Pandin, sieur des Jarriges fur forcé d’émigrer, et mourut colonel de cavalerie à Berlin en 1720… Jean Marc de Chièvres, seigneur d’Aubanie…dut aussi s’expatrier… La famille de la Barre demeura fermement attachée à la foi évangélique… Suzanne de la Barre était la femme de Josué de Malleray, seigneur d’Aubanie…En 1699, accusé d’empêcher la conversion de tout son village, il émigra et mourut à Berlin».
L'empreinte protestante
Les pins parasols plantés pour marquer, selon la tradition, les maisons amies sur la route des prédicants sont autant de témoignages d'une présence protestante dans le paysage du Mellois.
Limalonges au moment de la Révolution
A la fin du 18ème siècle, Limalonges était la commune la plus peuplée du canton avec 360 feux contre 300 à Sauzé.
Un feu, c’est à dire un foyer, concernait l’ensemble d’une famille, c’est à dire 4 à 5 personnes. Après la Révolution, vers 1800, il y avait 1353 habitants à Limalonges et 1295 à Sauzé.
Le Préfet Dupin qui décrivait à cette époque différents lieux des Deux Sèvres notait que le terroir de Limalonges était fertile : il produisait froment, orge, baillarge, un peu de seigle, maïs, chanvre, pommes de terre et vin de treille. Une partie du blé était destinée à la semence et celle-ci était très réputée en Poitou et Saintonge. Il y avait des prairies, surtout des prairies artificielles.
Le Préfet Dupin parle aussi d’une production importante de truffes sur Limalonges et Montalembert et des marchés pour la truffe sur Sauzé.
Il existait à Limalonges un haras de chevaux et un de baudets, quatre fours à chaux et à tuiles. Dans les années 1780, le seigneur de Theil d’Aubanie, Gourjault, était considéré comme l’un des spécialistes de la fabrication de tuiles.
Alors que la Révolution approchait, le « Cahier de doléances » établi à Limalonges le 1er mars 1789 soulignait le coût des injustices : « Que les traites, aides et gabelles, charges monstrueuses et odieuses soient supprimées dans l’intérieur du royaume … Que le clergé qui possède des biens immenses et qui lui ont été accordés de la manière la plus gratuite, soit obligé d’abandonner au Roi le surplus de son nécessaire…ce revenu tournera au soulagement du peuple… ». Ainsi dans les conditions difficiles où ils vivaient, les gens commençaient à relever la tête. La Révolution était proche !
« Pays d’art et d’histoire » et en région Poitou-Charentes
Le Pays Mellois, dont notre commune fait partie, a obtenu le label «Pays d’art et histoire». C’est la reconnaissance de tout un patrimoine bâti, naturel et immatériel, un patrimoine constitué par les hommes et les femmes qui ont séjourné sur le territoire au cours des siècles.
Si Limalonges possède quelques monuments classés, c’est tout le Pays Mellois qu’il est intéressant de découvrir. Pays d’art Roman, nous y trouvons 29 églises romanes inscrites ou classées à l’inventaire des monuments historiques. Mais d’autres époques de l’histoire ont façonné ce territoire.
Parmi les sites les plus visités nous avons Melle avec sa Triade Romane et ses Mines d’argent, Celles-sur-Belle avec son Abbaye Royale, Javerzay et son château Renaissance, Beaussais et la Maison du Protestantisme, Rom et le musée de Rauranum.
Il est bon aussi de se promener dans les villages pour y découvrir les richesses d’assemblage des constructions en pierre calcaire, les bardages en bois de châtaignier, les puits, les fontaines et anciens lavoirs, les vieux fours à pain, etc.
D'autre part, nous sommes dans un pays où la nature nous environne partout avec une grande diversité de paysages : s’y côtoient vallées et plateaux, espaces ouverts des plaines avec cultures céréalières et espaces cloisonnés dans les vallées avec haies et murets de pierres sèches…
Ne manquez surtout pas aussi de goûter aux bons produits du terroir : fromages de chèvre (prés d’un tiers de la production française est en Deux-Sèvres), terrines de canard, de lapin ou de porc, gâteau fromager, etc.
Villes importantes et lieux attractifs
- Poitiers et Angoulême à 56 km.
- Niort à 58 km.
- Le Futuroscope à 70 km.
- Le Marais Poitevin à 65 km.
- L’océan Atlantique à 100 km.
Sur les pas d’un long passé
Dans des textes anciens il est mentionné, dés 950, une « Villa Lumalonga » ou « Limalonga » Il s’agissait d’une villa romaine du 2ème siècle après J.C.
A 2 kilomètres du bourg, au carrefour du marché de Dessé, une photo aérienne permet de repérer sur le sol le tracé d’une villa romaine du 2ème siècle après J.C. : un plan carré, des tours d’angle, une grande cour, cela constituait un ensemble de bâtiments résidentiels et agricoles.
S’agissait-il de la « villa Lumalonga » ?
Les vestiges ou monuments situés sur notre commune font remonter notre recherche sur les traces d’un passé qui remonte jusqu’au néolithique avec le dolmen de la Pierre Pèse, (à visiter prés de la D.948 et à la limite de Limalonges et de Saint Saviol) et le tumulus de Nouverteils.
Certains écrits et diverses constructions permettent aussi de remonter le long cours de notre histoire (guerre de cent ans, Moyen âge, Protestantisme et dragonnades, période de la Révolution, etc
Au Moyen-âge, il y avait sur le territoire de Limalonges, autres que l’église romane et la grange monastique quelques seigneuries et châteaux. Nous avons cependant assez peu d’éléments sur les châteaux de Pannessac, de Limalonges, ou d’Aubanie Celui de Pannessac surplombait le vallon du Sillon, plus loin que le Logis actuel. Dans le bourg de Limalonges aussi un château plus ancien aurait existé avant le joli logis que constitue « le château de Montenault ».
Au 17ème siècle, selon certaines archives le château de Montenault aurait eu la visite de Richelieu et le logis de Pannessac celle de Louis XIV , chez Madame de Fredouville.